Les cicatrices invisibles
Il y avait, dans les replis de l’enfance, des silences lourds comme des absences, des regards qui fuyaient comme des oiseaux blessés, et des mots restés coincés dans la gorge des nuits.
La blessure ne criait pas. Elle murmurait, timide, dans le froissement d’un rideau, dans l’ombre d’un geste trop brusque.
Elle se cachait dans les interstices du quotidien, dans les sourires trop larges, dans les rires qui sonnaient creux.
Mais le temps, ce sculpteur invisible, a poli les larmes en flammes, a transformé les échardes en éclats de lumière.
Et de ces cicatrices muettes sont nées des chansons à fleur de peau, des plats qui réconfortent l’âme, des instants suspendus où l’on respire enfin.
Car il arrive un jour où l’on ne cache plus la faille, on l’éclaire. Et dans cette lumière, on reconnaît les autres, ceux qui portent, eux aussi, des cicatrices invisibles.